J'ai rien fait moi !?! ...

Ou la folle histoire de la perquisition ...

Celle-ci, fô que je vous la raconte !

18H. Je sors de la douche. Pressée. J'enroule mes cheveux dans une serviette. Je saute dans mon jean.

On tambourine à ma porte.  J'enrage intérieurement. Pas le temps. Mais ça tambourine encore. Je me décide à ouvrir. Le vendeur de tapis n'a pas frappé à la bonne porte ... Attention, prête à mordre !!.

Mais Oooh Surpriiiise ! Quatre hommes sur mon pallier. Une première. Je n'en attendais pas tant.

Avant même que je n'ai le temps d'ouvrir la bouche, le plus grand prend la parole : "Police", me dit-il en me tendant sa carte. Je regarde, mais je ne vois rien qu'un bout de papier hachuré de bleu, de blanc et de rouge. Interloquée. Abasourdie. Ils ne sont pas en uniforme. Mais ils portent un brassard orange. Comme à la télé.

Soudain, je reconnais l'un d'entre eux. Un flic, oui. Dans le cadre de mon boulot, je me suis déjà retrouvée dans son bureau, plusieurs fois. Un visage familier. Je suis rassurée. Je connais son humour qui ne fait souvent rire que lui. C'est un piège. Une blague. Ça ne peut être que ça. L'athmosphère me semble lourde, j'essaye de la détendre. "Ah ! Mais on s'connait ?! Comment allez-vous M'sieur Cordier ?" (le flic, pas le juge). Il esquisse un sourire, mais le plus grand l'interrompt : "On vient pour une perquisition !".

"Une perquisition? C'est une blague?". Visiblement non. Ils sont tous les quatre si sérieux, plantés là sur mon pallier. "Vous nous autorisez à entrer ?"  J'aimerai leur dire non. Ils n'ont pas de commission rogatoire ( ou de mandat de perquisition .. comme y disent à la télé!! ). C'est à mon bon vouloir. Je le sais. Mais je me sens toute chose, tel un gosse face à son père, un chien face à son maître. Et puis je n'ai rien fait, merde. Donc rien à cacher finalement.

J'ouvre ma porte au large. Rougissante, je retire la serviette que je porte toujours sur ma tête (c'te honte !). Je souris béatement, tentant de dissimuler au mieux mon stress injustifié. J'en fais des tonnes. Je m'installe sur mon canapé et je les invite à faire de même. Ridicule. Aucun ne s'exécute.

Chacun scrute du regard le moindre détail de mon salon. L'un prend des notes sur un vieux bloc. Un autre enfile une paire de gants en latex. Je fais mine de ne rien voir.  Mon pouls s'accélère. Mais que font-ils ? Qu'ai-je fait moi? Pourquoi ces gants ? .. Je cherche des réponses dans leur regard, mais rien ne filtre.

Et l'interrogatoire commence. Nom. Prénom. Date de naissance. Téléphone. Adresse exacte. Profession. Nom et adresse de l'employeur. J'essaye de paraître détendue. Je ne dois pas me montrer hésitante (L'hésitation est toujours suspecte. Je le sais par expérience télévisuelle).

Puis arrive la première question qui tue : "Où étiez-vous cet après-midi vers 15h ?". Là, je m'enflamme ! Parce que, Youpi Tralala, j'ai un alibi en béton "Je travaillais. J'étais en réunion !" (sous entendu : y'a des témoins !). Je jette un regard discret à M'sieur Cordier. J'attends un peu de sollicitude. Juste un peu. On a bossé ensemble merde. Sur plusieurs dossiers. Mais il regarde ailleurs, sans broncher, à l'écart. Merci pour le soutien. Je te revaudrai ça, Ducon !!

Et arrive la deuxième question qui tue : "Vous avez une arme à déclarer ?" Là, c'est le pompon. Qu'est-ce qu'ils s'imaginent les 4 Cow-Boys ? Que je planque une kalachnikov sous mon pieu et une réserve de grenades dans la cuvette de mes chiottes ? Je crois rêver. Je ne peux que sourire devant une telle question. Je réponds par la négative, et je prends l'initiative de les autoriser à fouiller mon p'tit chez-moi.

Ils finissent par se détendre. Le masque du flic hautain et insensible tombe enfin. Le pote à M'sieur Cordier retire ses gants. Il ne fouillera pas finalement. Ça y'est, je sens que je ne suis plus Présumée Coupable. Il est grand temps.

Ils m'expliquent alors qu'un pied de mon immeuble, un jeune ado a reçu une balle en caoutchouc en pleine poitrine (n'engendrant qu'un hématome, je vous rassure !). Le coup serait parti  d'une fenêtre de mon immeuble. Aussitôt je pense à mon voisin aigri, fainéant et râleur. Ça ne peut être que lui. Mais je ne dis mot.

Ces messieurs me remercient pour mon accueil ( ah ça, ils peuvent !! ), me prient de les contacter si j'entends parler de quoique ce soit, et se retirent. Je referme la porte derrière eux, dans un soupir de soulagement. Je sors de la douche, mais des gouttes de sueur perlent sur mon front. Vlà le coup de stress !!

Je me précipite vers mon portable ... il faut que j'appelle Schtroumfette. Il faut que je lui raconte. Il faut aussi que je la prévienne que dans quelques secondes, 4 Cow-Boys vont venir frapper à la porte de son appart !!

*****

Voilà l'histoire. Véridique. Sincèrement. J'étais dans tous mes états ! Non pas parce que le Commandant (le plus grand d'entre eux) était plutôt Beau Gosse, mais parce que je me suis presque sentie coupable. Coupable de quoi ? J'en sais rien !

Parce que MOUA, je n'ai pourtant jamais rien fait de pénalement répréhensible !

Si ce n'est ... bon je l'avoue ...

• téléphoner en conduisant ...
• fumer quelques joints (fô bien que jeunesse se passe !!) ...
• griller un feu bien rouge ... 
• télécharger des milliers de ziks sur internet ...
• planquer du shit dans ma trousse de toilette avant de partir en week-end (le bon vieux temps !) ...
• prendre le volant alors que mon éthylotest (ben oui, je suis équipée !!) indique 1.9 mg/l, en émettant une alerte stridente ...
• oublier de marquer un stop ...
• faire la course sur l'autoroute (mais j'ai perdu !! citadine contre berline, c'était prévisible !!) ...
• recouvrir la voiture d'une pétasse de mousse à raser, rouge à lèvres et PQ (vengeance, par procuration !)...
• refuser de payer ma redevance audiovisuelle en soutenant mordicus que je n'ai pas de télé chez moi ...
• imiter la signature d'un "client" au bureau (j'avais fait un gros pâté sur son dossier !!! C'était dans son intérêt en fait !!) ...
• ne jamais mettre un centime dans les parcmètres (on paye assez d'impôts merde ... alors on peut quand même bien stationner gratos !!) ...
• prendre un sens interdit ...
• piquer un effaceur au Monoprix (j'avais 13 ans ! je voulais juste voir quel effet ça faisait ... mais c'est clair, j'aurais pu piquer autre chose !! Un effaceur !! Grande idée !?! ) ...
• prendre le train sans billet (et me planquer dans les chiottes au passage du contrôleur) ...
• me barrer sans payer d'un bar bondé (oui bon, je l'ai fait qu'une fois !!) ...

Bref ... rien de grave quoi ...

Et je ne me suis jamais faite attrapée !

Casier judiciaire vierge, et 12 points sur mon permis !! J'assure, c'est sûr !!

Comments

[Sparadra]

Ah bah bravo ! Quel bel exemple pour la jeunesse ! Je ne vous félicite pas, jeune fille !

[MonAngie]

Vous êtes une grosse délinquante, en fait !!
Je suis quand même étonnée qu'avec vos antécédents, la poice nationale n'ait pas encore reçu un courrier anonyme ....

[notsuo]

^^